Exactement, c'est difficile à dire mais on peut affirmer de manière globale qu'en s'obstinant à renverser un régime autoritaire, l'Occident fait preuve d'une singulière désinvolture. Car, si on sait ce dont on veut se débarrasser, on prête semble-t-il peu d'attention à ce que l'on risque de "gagner".
A en croire les grands médias, la situation serait d'un simplicité biblique: d'un côté Bashar el Assad,
un infâme dictateur aux abois et ses séides refusant toute avancée démocratiques à des citoyens privés de leurs droits. De l'autres, sur le terrain, des rebelles généreusement considérés comme des "combattants de la liberté" et, opérant de l'étranger, un fantomatique "Observatoire syrien des Droits de l'Homme" très opportunément apparu à Londres pour nous rapporter - et lui seul - les innombrables méfaits allégués du gouvernement syrien ainsi qu'un providentiel Conseil National Syrien basé à Istanbul et dominé par les Frères Musulmans. De loin enfin, des occidentaux indignés par ce régime barbare refusant les libertés les plus élémentaires à son peuple et n'hésitant pas à utiliser des armes lourdes contre les rebelles ce qui, selon la Maison Blanche sans doute oublieuse des exploits américains en Serbie, en Irak et en Afghanistan, témoignerait de la "profondeur de sa dépravation". Et accessoirement des Russes et des Chinois - sans doute tout aussi dépravés - qui empêcherait le fonctionnement normal - c'est-à-dire conforme aux désir des dirigeants occidentaux - des institutions onusiennes.
Ceux que cette fable arrange peuvent arrêter là la lecture de cette article. Car le moins que l'on puisse dire est qu'elle est diablement partielle - sinon partiale - et que de nombreuses pièces du puzzle ne s'accordent pas avec elle.
D'une part les fameux rebelles opérant en Syrie ne sont que très minoritairement des Syriens. Comme le souligne Robert Dreyfuss dans The Nation, "personne hors de Syrie ne sait qui sont les rebelles. Les groupes extérieurs, tel le Conseil National Syrien et autres instances autoproclamée, ont des liens obscurs avec les forces sur le terrain. Les Frère Musulmans syriens est un acteur majeur à la fois dans et hors de Syrie. Et les Frères Musulmans combattent le clan au moins depuis les années 1970 quand ils menèrent une série d'assassinats et d'attentats contre le gouvernement d'Hafez el Assad, le père de Bashar. Plusieurs experts à la petite semaine ont souligné l'écrasement brutal de la rebellion menée par les Frère à Hama en 1982. Mais la guerre des Frères Musulmans contre Assad fait rage depuis bien plus longtemps, et notamment depuis l'incident horrible de Juin 1979 quand une bande de Frères Musulmans attaquèrent l'école militaire d'Alep et y massacrèrent 83 cadets. En novembre 1981, un attentat sanglant à la voiture piégée lié aux islamistes à tué 200 personnes à Damas. Durant cette période, les Frères Musulmans en Syrie bénéficiait du soutien caché d'Israël et des agents israéliens au Liban, y compris celui de l'infâme major Saad Haddad, un officier libanais recruté comme pion israélien au Sud Liban".
De fait, selon plusieurs témoignages recueillis notamment auprès des Chrétiens de Syrie, il semblerait que l'arabe parlé par les "rebelles" ne soit pas celui du pays. Plus significatif encore, des vidéos tournées par les rebelles eux-mêmes paraissent démontrer que l'alpha et l'oméga de leur conception de la démocratie se résume à "Allah Akbar" !
D'autre part, certaines sources semblent considérer comme vraie l'hypothèse que j'avais avancée dans un article récent, à savoir que les Etats-Unis et Israël - loin de considérer les fondamentalistes sunnites comme une menace - ont explicitement fait alliance avec eux.. Ainsi, Daniel McAdams écrit dans un édifiant article de information clearing house repris par keghart "les Frères Musulmans sont loin de représenter une menace radicale pour les Etats-Unis et Israël - ils sont à la solde des Etats-Unis et d'Israël depuis des années". Et de justifier ses propos par un article fameux de Seymour Hersh écrit en 2007 où celui-ci rapportait les confidence d'un haut gradé de la CIA selon lequel "les Américains fournissent à la fois le soutien financier et politique aux Frères Musulmans syriens. Les Saoudiens apparaissent en pointe avec le soutien financier mais il y a une implication américaine".
Bref, on l'aura compris, la guerre "pour la démocratie" en Syrie vise surtout à endiguer l'influence iranienne dans la région, au prix s'il le faut de l'instauration d'un régime à la qatari ou à la saoudienne dont l'attachement à la démocratie saute aux yeux. Et tant pis si le processus doit engendrer des victimes collatérales toutes désignées, au premier rang desquelles les Chrétiens de Syrie que les Frères Musulmans ressentent déjà le besoin de rassurer.Car il ne faut pas se leurrer, si ce processus piloté par Washington aboutissait, la Syrie nouvelle serait très certainement dominées par des fondamentalistes sunnites. A tel point que l'excellent site De Defensa.org se demande même - non sans ironie - s'il ne faudrait pas intégrer Al Qaïda au sein de l'OTAN. Derrière "Allah Akbar", "In God we trust" en quelque sorte....
Le PKK en embuscade
Mais ce plan bien rôdé articulant une alliance entre les Etats-Unis, Israël, la Turquie et les Etats du Golfe pourrait bien évoluer selon une direction pas franchement souhaitée par ses protagonistes. La Turquie, en effet, avait tenté il y a quelques temps de jouer un rôle de médiateur avec la Syrie d'Assad selon la doctrine du ministre turc des Affaires Etrangères, "pas de problème avec les voisins". Cependant, Ankara, échaudée par les conséquences de son comportement ambigu lors du conflit libyen, a récemment décidé - sans doute avec un peu de précipitation - de mettre un terme à ses relations amicales avec Damas pour - si j'ose dire - hurler avec les loups. Et derechef de permettre l'installation d'une base secrète des rebelles sur son territoire, sans mesurer peut-être toutes les conséquences de cet alignement sur l'Ouest, et notamment les avantages que les Kurdes pourraient tirer du chaos régnant en Syrie.
Et en effet, on vient récemment d'apprendre que le PKK contrôle désormais un bonne partie des villes frontalières entre la Turquie et la Syrie. A tel point que les forces kémalistes turcs tirent à boulet rouge sur l'inconséquence d'Ahmet Davutoglu et de sa soi-disant "profondeur stratégique".
Bref, on peut se demander si derrière le démantèlement de la Syrie baasiste, ne se profile pas à termes celle de l'encombrant allié turc, en plus bien sûr de l'arch-ennemi iranien. A ce sujet, on se rémémorera l'article publié en juin 2006 par Ralph Peters qui se proposait de redessiner toutes les frontières du grand Proche-Orient. Nous n'en sommes désormais plus si loin.
D'une part les fameux rebelles opérant en Syrie ne sont que très minoritairement des Syriens. Comme le souligne Robert Dreyfuss dans The Nation, "personne hors de Syrie ne sait qui sont les rebelles. Les groupes extérieurs, tel le Conseil National Syrien et autres instances autoproclamée, ont des liens obscurs avec les forces sur le terrain. Les Frère Musulmans syriens est un acteur majeur à la fois dans et hors de Syrie. Et les Frères Musulmans combattent le clan au moins depuis les années 1970 quand ils menèrent une série d'assassinats et d'attentats contre le gouvernement d'Hafez el Assad, le père de Bashar. Plusieurs experts à la petite semaine ont souligné l'écrasement brutal de la rebellion menée par les Frère à Hama en 1982. Mais la guerre des Frères Musulmans contre Assad fait rage depuis bien plus longtemps, et notamment depuis l'incident horrible de Juin 1979 quand une bande de Frères Musulmans attaquèrent l'école militaire d'Alep et y massacrèrent 83 cadets. En novembre 1981, un attentat sanglant à la voiture piégée lié aux islamistes à tué 200 personnes à Damas. Durant cette période, les Frères Musulmans en Syrie bénéficiait du soutien caché d'Israël et des agents israéliens au Liban, y compris celui de l'infâme major Saad Haddad, un officier libanais recruté comme pion israélien au Sud Liban".
un seul slogan : Allah Akbar
De fait, selon plusieurs témoignages recueillis notamment auprès des Chrétiens de Syrie, il semblerait que l'arabe parlé par les "rebelles" ne soit pas celui du pays. Plus significatif encore, des vidéos tournées par les rebelles eux-mêmes paraissent démontrer que l'alpha et l'oméga de leur conception de la démocratie se résume à "Allah Akbar" !
D'autre part, certaines sources semblent considérer comme vraie l'hypothèse que j'avais avancée dans un article récent, à savoir que les Etats-Unis et Israël - loin de considérer les fondamentalistes sunnites comme une menace - ont explicitement fait alliance avec eux.. Ainsi, Daniel McAdams écrit dans un édifiant article de information clearing house repris par keghart "les Frères Musulmans sont loin de représenter une menace radicale pour les Etats-Unis et Israël - ils sont à la solde des Etats-Unis et d'Israël depuis des années". Et de justifier ses propos par un article fameux de Seymour Hersh écrit en 2007 où celui-ci rapportait les confidence d'un haut gradé de la CIA selon lequel "les Américains fournissent à la fois le soutien financier et politique aux Frères Musulmans syriens. Les Saoudiens apparaissent en pointe avec le soutien financier mais il y a une implication américaine".
Bref, on l'aura compris, la guerre "pour la démocratie" en Syrie vise surtout à endiguer l'influence iranienne dans la région, au prix s'il le faut de l'instauration d'un régime à la qatari ou à la saoudienne dont l'attachement à la démocratie saute aux yeux. Et tant pis si le processus doit engendrer des victimes collatérales toutes désignées, au premier rang desquelles les Chrétiens de Syrie que les Frères Musulmans ressentent déjà le besoin de rassurer.Car il ne faut pas se leurrer, si ce processus piloté par Washington aboutissait, la Syrie nouvelle serait très certainement dominées par des fondamentalistes sunnites. A tel point que l'excellent site De Defensa.org se demande même - non sans ironie - s'il ne faudrait pas intégrer Al Qaïda au sein de l'OTAN. Derrière "Allah Akbar", "In God we trust" en quelque sorte....
Le PKK en embuscade
Mais ce plan bien rôdé articulant une alliance entre les Etats-Unis, Israël, la Turquie et les Etats du Golfe pourrait bien évoluer selon une direction pas franchement souhaitée par ses protagonistes. La Turquie, en effet, avait tenté il y a quelques temps de jouer un rôle de médiateur avec la Syrie d'Assad selon la doctrine du ministre turc des Affaires Etrangères, "pas de problème avec les voisins". Cependant, Ankara, échaudée par les conséquences de son comportement ambigu lors du conflit libyen, a récemment décidé - sans doute avec un peu de précipitation - de mettre un terme à ses relations amicales avec Damas pour - si j'ose dire - hurler avec les loups. Et derechef de permettre l'installation d'une base secrète des rebelles sur son territoire, sans mesurer peut-être toutes les conséquences de cet alignement sur l'Ouest, et notamment les avantages que les Kurdes pourraient tirer du chaos régnant en Syrie.
Et en effet, on vient récemment d'apprendre que le PKK contrôle désormais un bonne partie des villes frontalières entre la Turquie et la Syrie. A tel point que les forces kémalistes turcs tirent à boulet rouge sur l'inconséquence d'Ahmet Davutoglu et de sa soi-disant "profondeur stratégique".
Bref, on peut se demander si derrière le démantèlement de la Syrie baasiste, ne se profile pas à termes celle de l'encombrant allié turc, en plus bien sûr de l'arch-ennemi iranien. A ce sujet, on se rémémorera l'article publié en juin 2006 par Ralph Peters qui se proposait de redessiner toutes les frontières du grand Proche-Orient. Nous n'en sommes désormais plus si loin.
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